Le seul homme sur lequel une fille puisse compter, c'est son papa.

Il n'avait pas mis longtemps avant de faire savoir à sa future ex femme qu'il venait les suivre à New York et comme il s'y attendait, la nouvelle ne fut pas particulièrement bien prise par celle qui voulait tant se débarrasser de lui, le balayer de son existence comme un vieux souvenir sans importance. Il ne comprenait pas pourquoi il méritait un méprit aussi grand alors qu'il n'y avait qu'un an de ça ils semblaient encore s'aimer, en tout cas ils se le disaient et se le montraient de temps en temps lors des quelques moments intimes qu'ils s'offraient. Elle l'avait toujours accepté tel qu'il était, alors pourquoi les choses avaient tellement changées ? Qu'était il passé dans la tête de cette femme pour qu'elle se comporte avec tant de malveillance au point de pousser ses filles à aller jusqu'à le détester ? Imaginait elle le mal que ça avait pu lui faire de vivre dans un tel rejet de leur part ? Arrivait elle à se regarder dans un miroir malgré ça ? Avait elle perdu tellement d'humanité pour ne ressentir aucun remord ?

C'était des questions que Darrel se posait souvent, quasiment chaque soir quand sa journée était terminé et qu'il ne lui restait qu'à se reposer dans l'attente du lendemain, prenant l'image d'un homme célibataire et déprimé, avec une bière dans sa main, un match de foot à l'écran et son petit chien endormi sur le canapé, à ses côtés. Il se demandait aussi si ses filles, pourtant si intelligentes, continueraient encore longtemps de croire en leur mère ? De ne jamais remettre en question ce qu'elle avance ? Comprendraient elles un jour que leur père n'était pas cet homme violent et malsain qu'elle essayait de leur faire croire ? Finiront elles par enfin venir le voir un jour ? Bien sûr il tenta de leur envoyer des lettres, même plusieurs où il les informait de ses projets et de sa nouvelle adresse, mais le manque de réponse le fit déduire que ces lettres ne leur parvenait pas, ou alors qu'elles ne les lisaient pas volontairement, tout comme elles avaient ignoré ses messages et ses appels. C'était un coup de poignard dans le coeur de ce pauvre père qui avait toujours tant aimé ses filles. Dès leur naissance il avait été prêt à tant de sacrifices pour elles, elles étaient la prunelle de ses yeux. C'est pourquoi il continuait de s'accrocher sans relâche, prêt à les revoir n'importe quand, même si pour cela il devait attendre 20 ans. Il était même prêt à leur pardonner ce méprit avec lequel elle le traitait depuis quelques temps, pour lui ça n'aurait plus aucune importance si à nouveau elles acceptaient de le considérer comme leur père.

Mais pour le moment cela n'était qu'un rêve, un rêve qu'il faisait même actuellement, endormi sur son fameux ami le canapé sur lequel il passait le plus clair de son temps quand il ne travaillait pas, la télé encore allumée semblait le bercer et son petit chien, couché sur son ventre faisait office de couverture. Il ronflait légèrement, profondément endormi après avoir sans doute attendu d'être le plus épuisé possible pour enfin réussir à fermer l'oeil, car s'il n'était pas suffisamment fatigué, essayer ne lui servirait à rien, car aussitôt les plus tristes de ses pensées venaient le harceler et le rendre encore plus mélancolique. Mais cette fois il avait enfin trouvé un peu de repos, jusqu'à ce que les petits coups administrés à sa porte fasse réagir son petit toutou qui se mit à aboyer vers celle-ci, ce qui le réveilla dans un sursaut. Les bruits le sortant de son sommeil assez brusquement pour que sur le coup il eu besoin d'une bonne minute pour se rappeler d'où il était. La tronche marquée par la fatigue il cligna des yeux en dirigeant son regard vers son entrée et il fini par se lever, pressé par son chien qui continuait de gueuler, comme chaque fois que quelqu'un venait sonner à sa porte. Du calme Chips. Qu'il ordonna à son chien de sa voix rauque de mec endormi, ce qui eu évidemment aucun effet, il se dépêcha alors d'ouvrir pour qu'il se taise enfin. Oui qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Darrel pensait bien sûr au départ que c'était un locataire qui était venu le voir, mais il comprit immédiatement qu'il faisait fausse route lorsqu'il posa ses yeux sur celle qui se trouvait là, juste devant lui : Lucy, sa fille. Il le réalisa dans un tel effet de surprise qu'il cru tout d'abord rêver, ses yeux s'écarquillaient en même moment où il ressenti le besoin de se pincer pour être certain de bien être réveillé, mais à la place il s'empressa de la prendre dans ses bras, sans même se demander si elle allait le repousser ou non. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas sentie contre lui que le besoin en était devenu vitale. Lucy... Bon sang... Tu m'as tellement manqué... Il ne pleurait pas, mais l'émotion était si forte qu'une larme menaçait tout de même de couler. Tu es vraiment là ? Je ne rêve pas ?

L'entendre pleurer lui arrache immédiatement les larmes qui essayaient pourtant de ne pas couler, ça lui serrait le coeur et intensifiait les émotions qui le rendaient presque tremblant. Si heureux et ému à la fois. T'excuses pas mon petit trésor, je sais que tu n'y est pour rien. Il prend doucement sa tête entre ses mains et dépose un baiser sur son front avant de caresser ses joues pour essuyer ses larmes. Merci d'être venue, tu ne pouvais pas me faire de plus beau cadeau, est-ce que tu as le temps de rester un peu ? Il se doutait déjà qu'elle n'était pas venue avec l'accord de sa mère et qu'ils n'avaient certainement pas toute la journée devant eux. J'aimerais savoir tout ce que tu as de nouveau à me raconter si tu veux bien.